Parmi les images stéréotypées de la psychanalyse, celle du psychanalyste qui ne parle pas. Cette idée reçue sur laquelle m’interrogent mes patients lors des entretiens préliminaires est une question récurrente et d’importance, puisqu’elle témoigne d’une certaine inquiétude, à l’idée de se retrouver seul, face à l’absence de réponse de son analyste, comme à celle de son propre silence.
Imposé à Freud par une de ses patientes, Emmy Von N., le silence réclamé par celle -ci inaugura un élément essentiel d’une séance de psychanalyse : la primauté de la parole de l’analysant sur celle de l’analyste. Cette parole qui est « la grande force de la psychanalyse » (Lacan) est à articuler au silence de l’analyste qui, s’il se tait, ne vise qu’à aider son patient à s’engager dans une parole la plus libre possible.
Le psychanalyste n’intervient ni pour conseiller son patient, ni pour l’influencer, ni pour lui imposer son savoir théorique. Il invite au contraire son patient à déployer son propre discours afin que celui-ci le transforme de l’intérieur.
Ce silence de l’analyste est la preuve de son écoute, il témoigne de la place faite à son patient pour qu’il puisse exprimer, aussi spontanément que possible, ses pensées et ses émotions telles qu’elles lui viennent à l’esprit. Témoin également de la place faite à l’inconscient pour qu’il puisse se faire entendre, à partir de nouvelles pensées qui vont surgir, le silence est à considérer comme un miroir qui révèle le patient à lui-même. Cela dit, le silence n'exclut pas la parole.
Mes interventions visent à favoriser la dynamique des associations libres des patients, à leur permettre des ouvertures sur leur histoire en procédant toujours par petites touches, afin de respecter le cheminement de chacun. A certains moments précis, des interventions proprement analytiques ponctuent le discours du patient pour promouvoir les prises de conscience.